Lettre ouverte au président de la République

Chronique d'abonnés du journal Le Monde

par Jacques HOCHMANN,
professeur émérite de psychiatrie à l'Université Claude Bernard (Lyon).
18.08.10



Monsieur le Président,

Comme vous je suis un fils d'immigré (polonais, en ce qui me concerne). Mon père est venu étudier en France, en 1925, il est retourné se marier au pays, en 1932. Je suis né en France, en 1934 et nous avons, mes parents et moi, été naturalisés français, en 1936, sous le Front Populaire.

Bien que mon père, ingénieur dans une usine métallurgique, ait participé à l'effort d'armement de la France et ait toujours été respectueux de la loi, nous avons, en 1942, en tant que juifs, été déclarés déchus de la nationalité française par le Gouvernement de Vichy, et, de ce fait, mis en danger immédiat d'être arrêtés et déportés. Nous n'avons dû la vie, comme beaucoup d'autres juifs résidant en France, qu'au dévouement et parfois à l'héroïsme de ceux qui, alors, nous ont cachés et aidés, en nous procurant de faux papiers et en nous hébergeant.

Vous êtes né après cette sombre époque. Vous n'avez pas connu, dans la presse et à la radio, le déchaînement de la haine xénophobe. C'est la seule excuse que je peux trouver à ce que j'oserais appeler votre irresponsabilité, si je n'étais tenu au respect par la haute fonction que vous incarnez.

Vous n'êtes pas seulement, en effet, le chef d'une majorité qui conduit une politique choisie par les électeurs. Vous occupez une place symbolique, que reconnait la loi, en vous déclarant au dessus d'elle pendant la durée de votre mandat. En se dotant d'un Président de la République, en décidant, il y a presque un demi-siècle, de l'élire au suffrage universel, pour renforcer son image et son pouvoir, le Peuple souverain s'est cherché à la fois un guide à moyen terme et un arbitre transcendant les passions populaires.

Celles-ci sont promptes à s'échauffer, en particulier dans les périodes de crise économique, comme celle que nous traversons. La passion conduit à l'abolition de la réflexion, au passage à l'acte, à la décharge immédiate des désirs les plus primitifs. Quoi de plus passionnel, de plus irréfléchi et de plus primitif que la haine ou la peur de l'étranger. Surtout, s'il vit parmi nous, s'il s'infiltre à travers des frontières, érigées pour nous protéger, s'il viole ainsi continuellement le sentiment du chez-soi, l'étranger, quoi qu'il fasse ou ne fasse pas, est, en lui-même, une source potentielle d'insécurité. Il engendre inévitablement, dans les sociétés humaines archaïques comme dans les sociétés animales, la violence.

Dans les moments difficiles, il devient le bouc émissaire. Le Juif, le Romanichel et aujourd'hui le Noir ou le Beur, quelle que soit sa nationalité formelle, incarne ainsi, en lui-même, le danger voire le mal, indépendamment de son comportement objectif.

Il suffit de lire actuellement les commentaires des internautes et de suivre les sondages d'opinion pour s'assurer du large écho positif rencontré par vos propositions de Grenoble et par leurs applications immédiates. Vous surfez sur une vague porteuse. Mais c'est justement ce qui m'inquiète. L'histoire n'est pas avare d'exemples qui montrent jusqu'où peut conduire le débordement passionnel et avec quelle facilté peut craquer l'enveloppe de civilisation qui tente de les contenir, en s'appuyant sur les valeurs de solidarité, de tolérance et d'hospitalité qui font partie aussi de l'héritage humain.

Par delà votre personne, vous êtes le représentant de ces valeurs, vous avez pour mission, et vous l'avez rappelé dans un de vos anciens discours, en citant Edgar Morin, de faire œuvre de civilisation. Un Président de la République doit renforcer le sentiment de sécurité en faisant un travail de pédagogue (ce qu'avait fait votre prédécesseur François Mitterand, en demandant au Parlement d'abolir la peine de mort, contre le sentiment prévalent dans la majorité de la population).

Les réponses au jour le jour que vous donnez, avec la fougue qui vous caractérise, aux problèmes actuels d'insécurité sociale, économique et d'ordre public, n'ont rien de rassurant. Vous avez déclenché, justifié par avance, des réflexes sociaux que vous risquez de ne plus maîtriser. Le Front national se réjouit de voir valider, au plus haut niveau de l'État, certaines de ses propositions.

Comble d'ironie, c'est d'un pays sans grande tradition démocratique, la Roumanie, où, comme d'ailleurs en Hongrie et en Bulgarie les Roms n'ont jamais joui d'un statut enviable, que vous viennent aujourd'hui les accusations de populisme et l'appel à une réflexion plus calme et plus inscrite dans la durée.

Veuillez agréer, monsieur, le Président, l'expression de la haute considération dans laquelle je tiens votre fonction

Elèves perdus, élèves punis :
le ministre de l'Education nationale rouvre des colonies pénitentiaires

Sans aucune concertation, par une simple circulaire parue au Bulletin Officiel (29/06/2010), le ministre de l’Education nationale décide l’ouverture d’un nouveau type d’établissements qui devraient voir le jour durant l’année 2010-2011. Ces établissements dits de « réinsertion scolaire » (ou ERS, c’est leur dénomination officielle) s’appuient en réalité sur des principes qui n’ont plus rien à voir avec l’école ou la scolarité.
Il s’agit de recevoir dans le cadre d’un internat des élèves qualifiés de « particulièrement perturbateurs » mais dont il est bien précisé qu’ils ne relèvent pas « d’un placement dans le cadre pénal ». Cependant, s’ils ne sont pas délinquants, ils sont traités comme tels, comme le montrent en particulier les modalités d’inscription qui vont jusqu’é déposséder les parents de leurs droits éducatifs les plus élémentaires : quoique l’accord de la famille soit sollicité, il n’est plus obligatoire, en cas de refus, « une saisine du procureur peut être engagée par l’inspecteur d’académie (…), afin que puisse être étudiée l’opportunité de prononcer un placement. », un placement dont il est par ailleurs précisé qu’il « durera aussi longtemps que nécessaire ».

Autrement dit, il ne s’agit donc pas d’inscription dans un établissement scolaire mais d’enfermement privatif de liberté, sur simple décision administrative, pour des élèves âgés de 13 à 16 ans qui ne sont pas délinquants. Un arbitraire proprement ahurissant qui ne se donne même pas la peine de respecter les règles du droit.

L’encadrement devrait être assuré par des enseignants « sur la base du volontariat », qui n’auront de fait reçu aucune formation particulière mais aussi avec des « partenaires locaux », parmi lesquels … le ministère de la Défense, dont on se demande bien quelles peuvent être les compétences éducatives.

L’emploi du temps regroupe les activités purement scolaires sur la seule matinée, le reste étant consacré à diverses occupations, qualifiées d’ « ateliers citoyens », menées en collaboration avec des partenaires choisis notamment dans les ministères de la Justice, de la Défense et de l’Intérieur. Avec ce que le directeur général de l’enseignement scolaire, auteur de la circulaire, appelle sans rire « une organisation du temps innovante », on ne voit pas comment des élèves déjà en difficulté pourraient suivre une scolarité digne de ce nom et réintégrer le cursus scolaire normal. Ce n’est d’ailleurs pas l’objectif : il est bien précisé que le DNB (diplôme national du brevet) ou les ASSR (attestation scolaire de sécurité routière), exigibles de tout collégien, ne devront ici faire l’objet de certification que « chaque fois que cela est possible ». C’est donc bien d’une mise à l’écart définitive qu’il s’agit, prélude à une « orientation » expéditive vers le monde du travail : si le statut scolaire est envisagé pour respecter les formes, il est bien précisé que les plus âgés n’auront guère le choix qu’entre le lycée professionnel et l’apprentissage.

Avec cette circulaire, on se trouve en face de quelque chose qui ne respecte aucune des règles traditionnellement en vigueur en matière éducative : des élèves, souvent très jeunes (13 ans…), qui n’ont commis aucun délit, se voient ainsi enfermés d’autorité, pour un temps indéfini, dans quelque chose qui ressemble plus à la prison ou à la caserne qu’à un établissement scolaire. Une initiative pas entièrement nouvelle, qui remet au goût du jour les sinistres colonies pénitentiaires – Mettray, Aniane, Belle-Ile-en Mer – de la fin du 19e siècle, où des générations de pauvres gosses, issus de milieux défavorisés, passaient leur jeunesse avant d’être remis entre les mains du patronat, soumis aux caprices d’un encadrement brutal et incompétent.

L’ouverture de ces établissements est à mettre en regard de la politique éducative menée par le gouvernement : augmentation des effectifs, fermeture des petits établissements, suppression des enseignants spécialisés, remise en cause de l’éducation prioritaire, disparition de la formation des enseignants, économies budgétaires en tout genre ciblées sur les mouvements pédagogiques, les psychologues scolaires, la santé scolaire. Autrement dit, une politique qui touche les élèves les plus en difficulté et favorise l’échec scolaire, que l’on prétend en retour combattre par des mesures aussi brutales qu’inefficaces.

Une vingtaine de ces établissements regroupant chacun 15 à 30 élèves seraient prévus : ainsi, parce qu’on aura enfermé quelque 3 à 400 élèves, c’en sera fini des élèves qui perturbent à eux seuls le bon fonctionnement du système éducatif. Cette initiative, annoncée sans aucune concertation, élaborée dans le secret du cabinet par le porte-parole du gouvernement et accessoirement ministre de l’Education nationale, est évidemment hautement politique. Elle est le fruit du caprice d’un président de la république et d’une partie de la classe politique qui, avec ténacité, depuis des années, considèrent les difficultés scolaires comme une marque de délinquance. La création de ces écoles-prisons doit être replacée dans un contexte qui fait de l’éducation l’otage, le jouet de considérations purement électoralistes et de la nécessité de prendre des voix à l’extrême-droite : pendant deux ans encore, l’Ecole doit s’attendre à voir d’autres initiatives du même acabit, qui l’éloignent toujours plus des obligations et des principes du service public d’éducation.

http://journaldecole.canalblog.com/archives/2010/07/16/18596282.html

http://www.education.gouv.fr/cid52474/mene1015823c.html

Le projet de loi réformant les soins en psychiatrie :
une insulte à la culture

Le projet de loi réformant les soins en psychiatrie : une insulte à la culture




Il faut être bête comme l’homme l’est si souvent pour dire des choses aussi bêtes que bête comme ses pieds, gai comme un pinson……
Le pinson n’est pas gai, il est juste gai quand il est gai, triste quand il est triste ou ni triste ni gai
J.Prévert

Lorsque s’imposera le bilan de l’action présidentielle de Nicolas Sarkozy, on ne manquera pas de constater la déflagration qu’il aura initiée entre l’Etat et les avancées civilisatrices, les acquis culturels de notre pays. Et l’on pourra dresser un sinistre catalogue : discours à l’université de Dakar sur l’homme Africain « pas assez entré dans l’histoire », loi organisant les soins psychiatriques sous contraintes en ambulatoire, centres de rétentions administratives à perpétuité, démantèlement de « camps » de Roms, de gens du voyage, création d’une inégalité des citoyens devant la loi, plaisanteries de mauvais goût devant les tombes des résistants des Glières, réponses insultantes à des citoyens en colère, mépris pour les lecteurs de la Princesse de Clèves, et bien sûr j’en passe.
Promotion de la barbarie, insulte à la culture caractérisent cette politique.

Le discours présidentiel et la politique du gouvernement sont constamment marqués de la l’imperium de la culture du résultat ; l’action, fût-elle agitation volontariste, trouve seule grâce à leurs yeux. Or dans le champ du soin à la personne psychiquement en souffrance, cette orientation est catastrophique. Elle rejette les apports d’une clinique de la psychopathologie patiemment élaborés en particulier par les écoles françaises et allemandes, enrichie par la philosophie phénoménologique et par le génie freudien, approches qui nécessitaient d’écouter les patients cas par cas et une formation continue sérieuse de la part des praticiens de toutes catégories. Elle y projette au contraire une protocolisation des pratiques et une évaluation détachée de tout contexte clinique, fondée sur des définitions de traits pathologiques sans commune structure mais dont l’addition se prête à des statistiques abusivement transposées ici. Cette agitation pseudo scientifique accompagne de fait un virement volontaire, violemment scandé, s’insufflant obsessionnellement dans les media, de l’interprétation de la psychopathologie comme souffrance individuelle vers l’affirmation de la dangerosité du patient pour autrui.

On pourrait croire en effet sans rapport les errements du président et de son gouvernement avec l’observation de ce qui se passe en psychiatrie aujourd’hui ; pourtant, la préférence allant aux faux semblants, l’on y retrouve la haine de l’histoire et de la patience, de l’exigence intellectuelle, on y retrouve la lâche flatterie populiste de la passion de l’ignorance pour faire gober la promotion des entreprises de fabrications de coupables , on y retrouve une fermeture bornée aux hasards et à la singularité des rencontres qui fondent toute possibilité de création civilisatrice.
Quand Picasso peignit son « Nain » d’après celui de Vélasquez dans « les Ménines » il était à l’apogée de son travail et en particulier du désapprentissage du savoir académique : lui-même affirmait : « à huit ans j’étais Raphaël, il m’a fallu toute une vie pour peindre comme un enfant ».
Dans nos professions nous savons bien quelles difficultés il nous faut affronter, traverser, pour savoir ne pas savoir et nous laisser enseigner (sinon soigner) par l’aventure de la rencontre avec des patients. Le caractère parfois inouï de leur souffrance pourrait nous tenter de recourir à la maîtrise, au contrôle, à la tentative de modifier par la manipulation des comportements qui nous dérangent trop ; répondant par la violence à la peur qui parfois les envahit nous pourrions alors renoncer à ce que Tony Lainé appelait « sa profonde solidarité avec la folie qu’il y a dans l’autre » niant nos propres failles, nous nous retrouverions du côté de la barbarie dont l’histoire de la psychiatrie a souvent montré trop de preuves.
Praticiens de ce champ particulièrement sensible à ce qu’être humain peut signifier, notre travail quotidien est de nous réunir grâce à une orientation qui limite ces tendances barbares, dites inhumaines ; sans les nier, de veiller à opposer à la mise au ban de tel ou tel malade, à la répression de tel ou tel comportement par l’abrutissement médicamenteux ou l’enfermement , l’offre d’un accueil pour l’histoire de chacun avec sa temporalité pour entrer en confiance, avec la singularité des médiations que chacun reconnaît ou invente.

Mais, nous voilà convoqués aujourd’hui là où la barbarie de la société de contrôle (au sens de Deleuze reprenant le syntagme de William Burroughs), tente de nous mener.
Malgré la contestation radicale des psychiatres désaliénistes contre les lieux d’enfermement comme réponse à la question de la folie, malgré la leçon incontournable de Foucault, nous sommes conviés à participer activement à la recherche d’une maîtrise du symptôme par le contrôle des conditions de son émergence au domicile même du patient.
Le projet de loi relative aux droits et à la protection (sic) des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge- qu’en terme galant ces choses là sont mises- organise la continuité de la contrainte au prétexte de la continuité des soins ; dévoiement de sens qui s’inscrit dans la cohorte des insultes à la culture, à l’apaisement du lien social qu’elle promeut , nouvel avatar qui vient stigmatiser une population et confirmer la défiance à l’encontre de ceux qui n’adhéreraient pas au projet médical les concernant ( non compliants faut-il dire !) mais aussi à l’égard de l’étranger, du paresseux, du lettré, du sans papier, de l’analyste et de son patient, du voisin, de l’artiste, de l’homme de passage, sans oublier le raton laveur, car ne sont ils pas des dangers potentiels pour le sommeil des bien pensants ? La promotion de la confusion entre Droits de l’homme et du citoyen et la mesquine petite somme des droits individuels permet d’agiter le chiffon d’une prétendue aspiration populaire à la sécurité plutôt que de se pencher sur les conditions de vie commune d’un peuple. Population facilement exclue à cause du mal-être qu’ils évoquent et que l’on préférerait ne pas voir, les patients comptent parmi les proies que s’autorise la puissance publique dans son entreprise nuisible de chasse aux boucs émissaires.

Le projet de loi réformant l’obligation de soin pour les patients constitue donc un paradigme mortifère de cette tentative de destruction des solidarités garantes de la solidité du lien social entre les citoyens. Il s’agit là du projet cardinal d’un gouvernement pour lequel l’extrême droite est manifestement plus q’une compagne de route et pour lequel aussi la défense des intérêts des plus nantis impose d’organiser l’affrontement des plus démunis dans leur multiplicité et avec leurs intérêts parfois contradictoires, ou comment faire oublier l’affaire Woerth- Béttencourt en organisant la chasse aux Roms puis en septembre le soin sous contrainte en ambulatoire auquel nous sommes déterminés à livrer une bataille sans concession.
Ce texte que députés et sénateurs seront amenés à examiner à l’automne prochain semble-t-il est une insulte à la culture car il ne laisse aucune place à ce qui du génie humain peut contribuer à tenter de donner hospitalité à la folie, il ne laisse aucune place au surgissement des potentialités créatrices qui, dans la folie, permettent à des sujets sur le point de succomber au tragique morcellement d’eux même , de reprendre pied, d’oser solliciter d’ autres personnes encourageant la trouvaille de suppléance à leur abîme pour que la vie ne soit plus complètement impossible. Les relations étroites entretenues par la folie et l’art, l’adoption par les équipes soignantes de la fécondité dont la souffrance psychique peut parfois être porteuse sont autant de témoignages contre l’atteinte à l’intégrité sociale et politique des patients qui constitue une insulte à notre culture fertilisée par le romantisme et le surréalisme.

La désignation des patients comme d’abord potentiellement dangereux est un raccourci inadmissible, un misérable contresens méconnaissant la fécondité poétique dont ils sont porteurs, méconnaissant l’apport de la folie à la connaissance de l’âme humaine, à ses créations artistiques, à ses trouvailles scientifiques. Ethiquement, elle est l’exact opposé de la considération attentive et solidaire que requiert toute pratique visant à prendre réellement soin de son contemporain. Philosophiquement elle dément honteusement l’incertitude fondamentale de la raison.

Cette loi se caractérise aussi par la protocolisation abusive du soin : l’absence d’un patient à sa séance, au temps de rencontre avec le soignant faisant l’objet non d’un questionnement, d’une mise en perspective clinique mais d’un acte normé, automatique, obligatoire, au nom naturellement des bonnes pratiques : dénoncer le sujet concerné à l’autorité administrative laquelle éventuellement le ramènera menotté à l’hôpital.
Cette organisation visant au contrôle systématisé des « comportements » est un scandale dans le champ de l’aide, du soin. Elle consiste essentiellement à exclure les praticiens, toutes catégories professionnelles confondues de leur fonction primordiale : élaborer une réflexion sur leur travail pour ne pas nuire aux possibilités de traitement.

Nous savons bien que la seule possibilité que nous ayons de préserver la dignité et l’intégrité psychique des patients, et la nôtre aussi, réside dans l’effort pour aborder l’énigme particulière de la souffrance de chacun, et cela comme Picasso peignant son Nain l’a fait, en se débarrassant des oripeaux du conformisme académique.
Nous avons à chaque instant de nos pratiques à nous débarrasser autant que possible du fatras psychologisant et éducatif dont l’université fait volontiers la promotion. Nous avons aussi et surtout à nous débarrasser de tout ce qui pourrait nous paraître justifier que nous devenions acteurs du maintien d’un ordre public dont nous voyons au quotidien de l’arsenal législatif développé par les plus hautes autorités de l’Etat comment il tente d’imposer à un corps social au bord de la rupture les modalités les plus excluantes possibles du vivre ensemble et combien il confine à l’ordre moral dont le qualificatif de « nouveau » ne limite pas l’horreur.

Avec, Freud nous ne pouvons pas y croire, mais avec lui il faut bien se rendre à l’évidence une fois encore : dans les moments de chamboulement de la société, aujourd’hui la mondialisation, les effets pacificateurs de la culture peuvent tomber les uns après les autres et quelquefois massivement. Le pire déferle alors et son cortège d’agonies, sa géhenne d’espérances perdues. Marquant l’extrême difficulté qu’il y a justement pour les hommes à vivre ensemble, à se retrouver dans le Babel des langues et des pulsions, le pire ne demande qu’à faire retour, livrant chacun sans limite à prendre sa place selon son organisation psychique au fil des événements , dominant ou dominé et parfois les deux à la fois, scène ouverte par l’oppression de l’homme par son semblable, avec « la paille de la misère pourrissant dans l’acier des canons » pour reprendre encore Prévert...
Or l’on nous propose sans merci, le pauvre langage du président de la République en témoigne sans cesse, de faire la guerre contre ci, la guerre contre ça ; après la guerre économique le temps est à la guerre à la délinquance et à ceux qui l’incarnent : fous, roms et sans papiers faisant, semble-t-il, bien l’affaire.
Bernard- Henri Lévy dans son article du Monde intitulé « les trois erreurs de Nicolas Sarkozy : mépris des Roms, outrage à l’esprit des lois, discours de guerre civile » écrit : « tenir le langage de la déchéance [...] c’est la garantie d’une société fiévreuse, inapaisée, où chacun se dresse contre chacun et où le ressentiment et la haine seront très vite les derniers ciments du lien social »

Nous savons bien pourtant comment les fous, souvent déjà témoins d’horreurs passées, subissent parfois et pour les mêmes raisons le sinistre sort de ceux que la bête désigne comme boucs émissaires des malheurs du monde. L’étymologie peut être d’une aide précieuse dans la compréhension de ces tristes voisinages :
Aliéné du latin alius l’autre, le radicalement étranger, dont vient aussi témoigner la traduction allemande du mot aliéner : entfremdung, rendre étranger donc. C’est vraiment à ceci que nous sommes conviés : faire des patients des étrangers radicalement autres et dont il ne faudrait que redouter la violence.
Il s’agit là d’une proposition éthiquement inadmissible, une fois encore, une insulte à la culture à laquelle nous refusons de nous associer.

Le 2 décembre 2008 un discours offensif contre nos patients avait été proféré, il n’était pas forcément de bon ton, au cénacle des professionnels de l’enfermement, d’y voir une attaque grave aux libertés publiques ; la suite vient et organise un statut très particulier de l’humain en souffrance psychique ou de n’importe qui troublerait l’ordre public du fait d’un comportement incompatible avec les exigences de l’ordre moral. Ainsi l’on pourrait demain se voir imposer des soins psychiatriques sous contraintes éventuellement à la maison voire une hospitalisation. Cette dernière se déroulerait dans des lieux « sécurisés »( pour lesquels rappelons le soixante dix millions d’euros ont été débloqué par le ministère en trois mois) et dans des conditions où aller et venir librement serait graduellement limité sinon empêché essentiellement selon l’appréciation de l’omnipotente autorité administrative et l’étrange bénédiction présidentielle : « personne mieux qu’un policier de haut vol ne saurait en exercer les prérogatives », le tout éventuellement sur signalement des directeurs d’hôpitaux obligatoirement prévenus par les équipes soignantes..
Lacan reprenant le Balcon de Jean Genet rappelle à propos du rapport du sujet avec la fonction de la parole que « si est un rapport adultéré un rapport ou chacun a échoué et où personne ne se retrouve [….] continue de se soutenir si dégradé soit-il[…]comme quelque chose qui est lié a ce qu’on appelle l’ordre et cet ordre se réduit quand une société en est venue à son plus extrême désordre à ce qui s’appelle la police ». Dans la pièce de Genet, les petits vieux réclament des uniformes de généraux, d’évêques et de juges pour jouir dans le ventre des prostituées mais personne ne demande à enfiler les oripeaux du préfet de police qui choisit le phallus comme emblème, lui qui, pivot de tout, se désespère en même temps que sa fonction ne soit pas assez attractive pour que l’on souhaite s’identifier à lui.
Il va de soi que nous ne saurions empêcher le président et ses préfets de jouir de leurs semblants phalliques, le voudrions nous que n’en n’aurions pas les moyens, mais nous avons le projet résolu d’empêcher qu’ils emportent les plus vulnérables d’entre nous dans leur préoccupante sarabande.
« L’Etat qui fait la guerre se permet toutes les injustices, toutes les violences » dit Freud dans ses « Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort ». Il y a dans le projet de loi qui nous bouleverse une réelle violence instituée, d’autant plus inquiétante que le principe civilisateur, l’apaisement créatif du lien entre les citoyens, sera d’autant plus difficile à mettre en œuvre dans ce moment de risque de « grande misère psychologique des masses » pour là encore reprendre Freud..

Les prochaines dispositions législatives concernant les personnes nécessitant des soins psychiatriques sont à l’aulne de ce qui s’enseigne sur les bancs des écoles de médecine et de soins infirmiers : c’est ainsi qu’il est enseigné dans les établissements publics de santé une méthode consistant à permettre au personnel devant un patient agité, de savoir utiliser tel ou tel outil relationnel stéréotypé pour pacifier la situation ou à défaut d’utiliser des techniques issues des arts martiaux ; la guerre disais-je ; c’est ainsi qu’il faut déplorer la suppression progressive mais rapide des formations universitaires en psychopathologie, c’est ainsi que telle officine de recherche établit un classement ridicule de l’efficacité des thérapies, c’est ainsi encore que s’organise un diplôme de psychothérapeute visant à former en trois ans des professionnels de la psychothérapie.Ces pratiques tiennent lieu de réflexion référencée approfondie, prudente et précautionneuse sur les causes, le sens de la survenue de tel ou tel évènement, insulte à la culture vous dis-je.
Il y a lieu à ce propos de constater que ce désastreux dévoiement de nos pratiques et de l’enseignement n’est pas de la seule responsabilité du gouvernement. Certains professionnels y ont leur part qui en effet réclament, enseignent, promeuvent, appliquent ces méthodes simplificatrices et violentes de relation avec les patients.
La contrainte à la maison, l’immobilisation techniquement maîtrisée en lieu et place de la tentative toujours retravaillée de trouver les moyens d’une réelle hospitalité pour la folie, constituent ainsi les moyens nouveaux proposés aux professionnels dans l’exercice de leur profession.

Nous avions pourtant mis beaucoup d’espoir dans la révolution copernicienne en psychiatrie qui ne centrait plus la question de la folie sur celle de l’asile ; nous avions cru dépassée la loi d’exception dont le premier effet avait été d’imposer un statut hors le droit commun à ceux que la parfaite étrangeté qui les définissait avait fait nommer « aliénés ».
Nous voilà aujourd’hui renvoyés à cette approche ségrégative donnant aux plus fragiles d’entre nous un statut d’extra territorialité, les excluant du droit commun et les assignant au titre de leur souffrance particulière à l’enfermement à l’hôpital ou pire encore désormais, chez eux.
Nous n’aurions pas dû oublier qu’un an avant sa mort, huit ans après sa condamnation définitive, Galilée, devenu complètement aveugle, écrivit dans un sonnet :
« Monstre je suis plus étrange et difforme
Que harpie sirène ou chimère….
Et je perds et mon être et ma vie et mon nom »
La barbarie du savoir dogmatique, de la norme indiscutable peut aussi défaire le sujet péniblement rassemblé autour de sa faille originelle.
Nous avons eu tort d’imaginer le progrès désaliéniste comme définitif, sans doute n’avions- nous pas assez bien lu Freud et son « Avenir d’une illusion » : toutes les avancées démocratiques, toutes les inventions esthétiques demandent à être soutenues, sans relâche tant elles sont fragiles.

Nous n’acceptons pas cette réforme imposée du soin en psychiatrie qui ne tient aucun compte de ce que la réflexion clinique attentive permet de médiations, d’inventions chaque jour à chaque rencontre avec chacun des patients dont la singularité de la souffrance nous enseigne les méandres de la complexité psychique , dont l’histoire particulière avec ses appartenances sociales et ses origines sur le globe est à considérer avec bienveillance là où le sarkozysme, pauvre référence politique mal inspirée des plus sinistres thèses stigmatisantes et rejetantes, ne veut rien savoir de la fécondité des brassages ethniques et culturels.
Le pouvoir s’attaque chaque jour un peu plus au socle sur lequel la République s’est construite, il a entrepris une destruction quasi systématique des propositions du Conseil National de la Résistance, il met à mal les droits essentiels de l’homme et du citoyen, organise des niveaux différents de citoyenneté, s’attaque à ce que l’histoire récente de la psychiatrie a tenté de développer, il met ainsi en danger la civilisation, la culture même qui permet aux humains d’essayer de vivre ensemble. Il y a là plus que jamais une ardente obligation à s’opposer à cette casse, à refuser d’appliquer des lois sans légitimité, à continuer d’essayer d’établir pour les générations à venir les bases d’une civilisation non excluante, les fondements d’une organisation sociale ou dire le mot culture ne serait pas une insulte.
Nous sommes aujourd’hui dans la position décrite par Francis Ponge à propos de Giacometti : « l’homme en souci de l’homme, en terreur de l’homme, s’affirmant une dernière fois en attitude hiératique, d’une suprême élégance. Le pathétique de l’exténuation à l’extrême de l’individu réduit à un fil » Ce fil est fragile, il tient chacun des hommes et ne demande qu’à se rompre, nous sommes garants du maintien de son intégrité, c’est ainsi que les poètes, les peintres, les musiciens pourront continuer à tisser avec ce fil à quoi nous sommes réduits, la beauté et l’espérance du monde.

Il y a un acte de profonde culture à refuser le projet de loi organisant des soins sous contrainte à domicile, un des actes de résistance que la dérive actuelle du pouvoir exige, comme de refuser le traitement discriminatoire de certaines catégories de citoyens réduits aux actes commis par une infime minorité d’entre eux. Il y a lieu de prendre ainsi notre place, « calmes sous nos sabots, brisant le joug qui pèse sur l’âme et sur le front de toute humanité » pour citer Rimbaud dans son poème « Morts de quatre vingt douze ».


Michaël et Jacqueline Guyader.

http://www.collectifpsychiatrie.fr/Le-projet-de-loi-reformant-les.html

calendrier de travail - à vos agendas

L’association CRHA (Citoyens Résistants d’Hier et d’Aujourd’hui) organise annuellement un rassemblement citoyen « Paroles de Résistance » sur le plateau des Glières, en Haute-Savoie.

Parrainée par Stéphane Hessel, Raymond Aubrac et John Berger,

- elle a un site : www.citoyens-resistants.fr

- elle a publié sous la coordination de J-L Porquet un livre « Les jours heureux » aux Editions La Découverte en 2010.

- elle soutient le film de Gilles Perret, membre actif de CRHA, « Walter, retour en résistance ».

Les nombreux contacts noués en France depuis plusieurs mois, les réactions et les demandes d’adhésion qui nous sont adressées poussent notre association à développer sa démarche.

Aussi CRHA s’est résolu à lancer une initiative nationale, dans l’esprit de l’appel des 13 anciens résistants en 2004 et de la demande de Raymond Aubrac lors de sa prise de parole aux Glières en 2009 : construire un programme fédérateur pour cette première moitié du 21ème siècle, dans l’esprit de justice sociale, de démocratie et de fraternité impulsé par le programme « Les jours heureux » en 1944.

* * * * * * * *
Nous proposons pour ce but fondamental un calendrier et une démarche dans le cadre d’un réseau d’adhésions volontaires :
Lancement à l’automne de la production et des échanges des participants à partir de groupes locaux librement constitués. Avec un site, des listes informatiques ainsi qu’une adresse postale pour l’organisation des échanges et de la réflexion.

Il s’agira de dégager les grands axes du programme et leurs contenus essentiels. Un nouveau site internet national du « réseau» est indispensable : pour échanger, faire le point avec entrée possible par département ou par groupe local, permettre une souplesse d’utilisation permettant une construction collective.

Poursuite du travail et élargissement des acteurs durant l’hiver pour permettre de faire, au mois de mai, un premier point public d’avancement.

Finalisation à l’été, pour parution dès l’automne du document avec conférence de presse du réseau et des forces engagées.

Ce cadrage général demande à être affiné et nous attendons vos réactions et celles d’autres contacts (Raymond Aubrac, Sophie Wahnich, etc) pour lancer définitivement l’initiative début septembre.

Vous étiez nombreux à souhaiter pouvoir travailler avec CRHA, engagez-vous dans cette démarche citoyenne et ce réseau de travail !

A bientôt pour des précisions, mais n’hésitez pas à nous faire un retour sur ces perspectives esquissées.

A bientôt.

CRHA

L’Appel citoyen « Face à la xénophobie et à la politique du pilori : liberté, égalité fraternité »

MANIFESTATION
le 4 septembre 2010

place de la République à Paris, à 14h00, et partout en France, est ouvert à la signature sur le site : http://nonalapolitiquedupilori.org/

APPEL CITOYEN

Face à la xénophobie et à la politique du pilori : liberté, égalité, fraternité

Les plus hautes autorités de l’Etat ont fait le choix de jeter à la vindicte publique des catégories entières de population : Gens du voyage accusés comme les étrangers d’être des fauteurs de troubles, Français d’origine
étrangère sur lesquels pèserait la menace d’être déchus de leur nationalité, parents d’enfants délinquants, etc. Voici que le président de la République accrédite aussi les vieux mensonges d’une immigration coûteuse et assimilée à la délinquance, et offre ainsi à la stigmatisation des millions de personnes en raison de leur origine ou de leur situation sociale.
Ce qui est à l’œuvre dans cette démarche ne s’inscrit pas dans le débat légitime, dans une démocratie, sur la manière d’assurer la sûreté républicaine. Le nécessaire respect de l’ordre public n’a pas à être utilisé pour créer des distinctions entre les habitants de ce pays et désigner des boucs émissaires. Ni pour instituer des peines de prison automatiques, contraires aux principes fondamentaux du droit pénal, à l’indépendance de La justice et à l’individualisation des peines.
La Constitution de la France, République laïque, démocratique et sociale, assure « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ».
Nul, pas plus les élus de la nation que quiconque, n’a le droit de fouler au pied la Constitution et les principes les plus fondamentaux de la République.
Notre conscience nous interdit de nous taire et de laisser faire ce qui conduit à mettre en péril la paix civile.
Nous appelons à une manifestation le samedi 4 septembre 2010, place de la République à Paris, à 14h00, et partout en France, afin de fêter le 140e anniversaire d’une République que nous voulons plus que jamais, libre, égale et fraternelle.

Premiers signataires :
Mouloud Aounit, co-président du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP)
Maryse Artiguelong, secrétaire générale adjointe de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Florence Aubenas, présidente de l’Observatoire international des prisons (OIP)
Pascal Aubert, président de l’Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale (ADELS) – revue Territoires
Martine Aubry, première secrétaire du Parti Socialiste
Tarek Ben Hiba, Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR)
Docteur Olivier Bernard, président de Médecins du Monde
Martine Billard, porte parole du Parti de Gauche et députée de Paris
Jean-Jacques Boislaroussie, porte parole des Alternatifs
Jean-Louis Borie, président du Syndicat des Avocats de France (SAF)
Nicole Borvo, sénatrice et présidente du groupe communiste républicain et citoyen et des sénateurs du parti de gauche
Mona Bras, conseiller régional de Bretagne
Marie-George Buffet, députée
Jean Burner, co-secrétaire fédéral de Sud Education
Georges Cadiou, président de l’Association des Elus Progressistes de Bretagne (AEPB) et adjoint au maire de Quimper
André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme et président de l’Association nationale des élus communistes et républicains (ANECR)
Mouhieddine Cherbib, ancien président de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR)
Annick Coupé, déléguée générale de l’Union syndicale Solidaires
Thomas Coutrot, co-président d'Attac
Monique Crinon, co-président du Cedetim-IPAM
Michel David, secrétaire national de la Confédération paysanne
Bertrand Delanoë, maire de Paris
Christophe Deltombe, président d’Emmaüs France
Arielle Denis, co-présidente du Mouvement de la paix
Nadia Doghramadjian, secrétaire générale adjointe de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Bernard Dreano, co-président du Cedetim-IPAM
Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts
Françoise Dumont, vice-présidente de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Abid El Khattabi, président de l’Association de défense des droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM)
Driss El-Kherchi, président de l’Association des Travailleurs maghrébins de France (ATMF)
Hélène Franco, responsable de la commission institutions, justice et libertés du Parti de Gauche
Patrick Gonthier, secrétaire général de l'UNSA Education
Marie-Pierre de la Gontrie, secrétaire nationale libertés publiques et justice du Parti Socialiste
Herri Gourmelen, conseiller régional de Bretagne
Cédric Gratton, co-président de la Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés (FASTI)
Dominique Guibert, secrétaire général de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Christian Guyonvarc'h, conseiller régional de Bretagne
Benoît Hamon, porte-parole du Parti Socialiste
Serge Havet, président d’AC !
Pierre Henry, directeur général de France Terre d’Asile
Bernadette Hetier, co-présidente du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP)
Pierre-Adrien Hingray, trésorier national de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)
François Hollande, député du Parti Socialiste
Kamel Jendoubi, président d’honneur de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR)
Naig Le Gars, conseiller régional de Bretagne
Patick le Hyaric, directeur du journal L'Humanité et député européen
Tiphaine Inglebert, membre du Bureau national de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Rachel Lafontaine, porte-parole des Alternatifs
Pierre Laporte, exécutif de la Fédération pour une alternative sociale et écologique (Fase)
Philippe Lattaud, secrétaire confédéral de la Confédération générale du travail (CGT),
Pierre Laurent, secrétaire national du Parti Communiste Français
Michelle Lauton, secrétaire générale adjointe du SNESUP
Henri Leclerc, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Francis Lecomte, co-président de la Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés (FASTI)
Jean-Claude Lefort, président de l'Association France Palestine Solidarité (AFPS)
Corinne Lepage, présidente de CAP21
Patrick Lozès, président du CRAN
Jean-Louis Malys, secrétaire national de la Confédération française démocratique du travail (CFDT)
Gilles Manceron, vice-président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Gustave Massiah, membre fondateur Cedetim-IPAM
Stéphane Maugendre, président du Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI)
Sandrine Mazetier, secrétaire nationale immigration du Parti Socialiste
Caroline Mécary, avocate et co-présidente de la Fondation Copernic
Jean-Luc Melenchon, président du Parti de Gauche et député européen
Lucas Migliasso, co-président de la Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés (FASTI)
Jean-François Mignard, membre du Bureau national de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Gilles Monsillon, exécutif de la Fédération pour une alternative sociale et écologique (Fase)
Roland Muzeau, député et porte-parole des députés communistes et républicains
Dominique Noguères, vice-présidente de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Willy Pelletier, sociologue et coordinateur général de la Fondation Copernic
Jean-François Pellissier, membre de l'exécutif des Alternatifs et conseiller régional d'Ile-de-France
Patrick Peugeot, président de la Cimade
Christian Picquet, Gauche Unitaire
Philippe Pineau, membre du Bureau national de la Ligue des droits de l’Homme(LDH)
Jean-Baptiste Prévost, président de l'Union Nationale des Etudiants de France (UNEF)
Jacques Ribs, président de France Terre d’Asile
Simone Rivolier, co-présidente de la Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés (FASTI)
André Rosevègue, co-président de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP)
Michel Rousseau, coordinateur des Marches européennes
Malik Salemkour, vice-président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Pierre Salignon, directeur général à l’action humanitaire de Médecins du Monde
Michel Savy, membre du Bureau national de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Odile Schwertz-Favrat, co-présidente de la Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés (FASTI)
Ben Slama, président de l’Association des Tunisiens en France (ATF)
Dominique Sopo, président de SOS Racisme
Catherine Sultan, présidente de l'Association française des magistrats de la jeunesse et de la famille (AFMJF)
Clarisse Taron, présidente du Syndicat de la Magistrature (SM)
Pierre Tartakowsky, vice-président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Stéphane Tassel, secrétaire général du SNESUP
Aurélie Trouvé, co-présidente d'Attac
Michel Tubiana, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national sécurité du Parti Socialiste
Marie-Christine Vergiat, députée européenne
Pierre Villard, co-président du Mouvement de la Paix
Roland Weyl, président de Droit Solidarité

Signez l’appel citoyen en ligne à l’adresse suivante : http://nonalapolitiquedupilori.org/

Communiqué de « Citoyens Résistants d’Hier et d’Aujourd’hui »

4 août 2010

Comme Stéphane Hessel, l’un de nos parrains, comme beaucoup de citoyens fidèles à l’esprit républicain et aux idéaux de la Résistance, notre association « Citoyens Résistants d’Hier et d’Aujourd’hui » (CRHA) dénonce les annonces graves du président de la République et les projets de lois envisagés contre les immigrés, leurs enfants, les gens du voyage, les Roms…
Avec un tel discours discriminatoire, en stigmatisant ainsi les gens du voyage, les citoyens européens que sont les Roms, en voulant rendre responsables de l’insécurité les étrangers installés en France, Nicolas SARKOZY s’attaque aux fondements mêmes de la République.

Si de telles lois scélérates sont votées, osera-t-on encore parler de liberté, d’égalité et de fraternité ?

Seul le Front National, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, a proposé comme mesure systématique,la déchéance de la nationalité, et il faut remonter au régime de Vichy pour trouver une application d’une telle mesure, quand PETAIN a déchu les juifs étrangers de la nationalité française.

Comment peut-on envisager de condamner des parents de jeunes mineurs récidivistes, donc des personnes qui n’ont commis aucun délit ?

Ces projets de lois sont contraires à la constitution de la 5ème République de 1958, en particulier de son article 1 :

« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. »
Tout citoyen doit être sanctionné pour le délit ou le crime qu’il a commis et non pas en raison de ses origines.

Le président de la République ne cherche pas à s’attaquer aux causes de la délinquance, il agite l’épouvantail de la sécurité à des fins électoralistes en voulant rendre l’étranger responsable de tous nos malheurs, en tentant de faire oublier sa politique qui attaque systématiquement le socle des conquêtes sociales issues de la Résistance et de la Libération.

Le 4 mai 2008, au Plateau des Glières, Stéphane HESSEL, nous rappelait que l’esprit de résistance vient de notre capacité à nous indigner… et aujourd’hui, nous avons de quoi nous indigner, alors résistons contre ces dérives fascisantes.

Nous devons nous mobiliser très fortement contre cette xénophobie d’Etat. C’est une sérieuse remise en cause de nos valeurs républicaines.

Le 16 mai 2010, toujours au Plateau des Glières, le magistrat Serge PORTELLI, vice président de la Cour de Paris, évoquait le glissement de la démocratie vers un état autoritaire.

« Nous ne sommes plus vraiment en démocratie, disait-il, nous ne sommes pas encore dans un état autoritaire, nous sommes dans un état limite ».

Avec ces projets de lois annoncés, nous dépasserions cette limite…
Alors, résistons, soyons vigilants, participons activement aux mobilisations qui se préparent pour début septembre.

EXIGEONS LE REJET DE CES LOIS INDIGNES, CONTRAIRES AUX VALEURS REPUBLICAINES ET AUX DROITS DE L’HOMME.

CRHA

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